Les Assureurs français découvrent la Guerre Economique

Publié le par Jean-Michel Oudjani


Veille et Intelligence dans l'Assurance

Marché Français


Jean-Michel Oudjani

 



Les assureurs découvrent la Guerre Economique


 

La Guerre Economique présente une vraie nouveauté pour les assureurs français. Elle a pour effet direct de créer deux catégories d’acteurs :

-  des gagnants,

-  des perdants.

La sanction pour ces derniers est une simple alternative :

- soit ils disparaissent définitivement du marché (fusion, acquisition, cessation d’activités…)

-  soit ils perdent leur indépendance.

Il s’agit donc d’une vraie guerre pour survivre. Les régulateurs traditionnels que sont les Etats sont contraints par leur environnement politique (OMC, Union Européenne…) d’adopter une certaine neutralité au nom du respect du droit à la concurrence et de la protection des consommateurs.

 

 

Une certaine division du travail, plus ou moins implicite, existait auparavant entre les acteurs traditionnels français : « l’automobile c’est plutôt…, les instituteurs, c’est…, la couverture de prêts est la spécialité de…, dans cette région, c’est…. ». Des mécanismes de solidarité et de régulation permettaient à chaque Français de pouvoir s’assurer.

 

La généralisation de l’esprit de Guerre va avoir des effets importants dont certains peuvent déjà être identifiés.

-          La concurrence visera d’abord les marchés les plus profitables à court terme. Ce qui va pénaliser les assureurs en place.

-          Ces derniers ne pourront plus compenser les mauvais risques qu’ils ont en stock par les bons résultats des autres clients.. En conséquence, ils  vont devoir s’alléger de ceux-ci. Des assurés ne seront plus assurés ou bien connaîtront une forte augmentation de leurs primes/cotisations.

-          la stratégie de défense du portefeuille des assureurs concernés se traduit par des dépenses accrues notamment en communication,

-          pour maintenir leur rentabilité et disposer de ressources suffisantes,  ces assureurs vont « tailler dans les dépenses non utiles ou directement productives ». La maîtrise de frais généraux produira du mécontentement social interne et une baisse mécanique des investissements.

 

 

Disposant de moins de ressources, les assureurs concernés devront arbitrer. Des activités, des métiers et des marchés seront donc abandonnés. Pour essayer de réduire les risques, des stratégies d’alliance, de partages voire d’intégration sont recherchées. Les assureurs les moins rapides et les plus vulnérables seront les principales victimes de prédateurs qui viendront attaquer leurs marchés et mettre en cause leur solvabilité.

 

 

 

Voici un exemple de l’enjeu réel que représente une Compagnie d’assurance pour un Etat.

 

Monsieur E. Balladur, Premier Ministre de la France, décide de privatiser les entreprises publiques mais en conservant un « noyau dur » chargé de sauvegarder les intérêts de la collectivité. Ce noyau dur se compose notamment des banques et des assureurs qui sont alors des entreprises nationalisées. Quand l’industrie est privatisée, ces noyaux durs font leur office. Les intérêts français demeurent sauvegardés.

 

La vogue des privatisations atteint à son tour l’univers bancaire et assurance. Un des fleurons de l’assurance français passe sous le contrôle allemand. Du jour au lendemain, les Allemands accèdent aux conseils d’administration de la plupart des Grandes Entreprises françaises. Plusieurs années après, le bilan est édifiant. La plupart de ces Grandes Entreprises ont été

-          soit reprises, souvent par des groupes étrangers,

-          soit se sont internationalisées et ont réduit souvent considérablement  leurs investissements en France.

Existe-t-il un lien entre cette réalité et l’arrivée des Allemands ?

 

Cette leçon a d’ailleurs été bien comprise par de nombreux pays étrangers qui se sont bien gardés de commettre la même erreur que Monsieur Balladur.

 

 

sources

" L'Assurance Française : le Temps des Ruptures" de Jean-Michel Oudjani

http://www.thebookedition.com/l-assurance-en-france-jean-michel-oudjani-p-48130.html

Publié dans infodoc

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